Tout savoir sur le tracking server-side

Tout savoir sur le tracking server-side

Si vous travaillez dans le domaine du digital analytics, les termes « Server-side » et « Client-side » ne vous sont certainement pas étrangers. Ces concepts se sont de plus en plus répandus, notamment depuis que le tracking Server-side a gagné en importance. Cette évolution découle des défis auxquels les spécialistes du web sont confrontés en raison des restrictions imposées par le RGPD et des évolutions techniques instaurées par certains navigateurs (Par exemple l’Intelligent Tracking Prevention d’Apple qui limite le suivi des utilisateurs).

Pour plonger directement au cœur du sujet, commençons par clarifier ces deux approches du tracking.

Qu’est-ce que le tracking Client-side ?

Le tracking Client-side, également connu sous le nom de suivi côté navigateur, a longtemps été la méthode privilégiée en entreprise pour collecter des données sur le comportement des utilisateurs à partir de leurs navigateurs ou appareils. Généralement, ces informations sont recueillies à l’aide de cookies (third-party), JavaScript, et autres scripts. 

Ces données sont directement utilisées dans divers outils d’analyse, de publicité etc. Avec le tracking Client-side, le défi réside dans la difficulté de contrôler l’ensemble des informations transmises à ces outils, comme l’adresse IP, qui est une donnée sensible mais qui peut être collectée par des fournisseurs marketing. 

Parmi les autres données qui peuvent être potentiellement collectées, on retrouve celles relatives à l’utilisateur, telles que le User Agent qui est une chaîne d’informations pouvant révéler des détails sur le système d’exploitation, le navigateur utilisé ainsi que sa version, et d’autres détails similaires

Qu’est-ce que le tracking Server-side ?

Dans le contexte actuel, le tracking Server-side se profile comme une solution face aux restrictions imposées sur la collecte de données. En effet, afin de protéger de plus en plus la vie privée des utilisateurs, certains navigateurs comme Apple (avec l’ITP) et Firefox (avec la fonctionnalité de protection renforcée contre le pistage) n’hésitent pas à bloquer les cookies tiers. Ce qui réduit considérablement la quantité de données collectées. Cette évolution a un impact sur les métiers liés aux données et, plus largement, sur la gestion des performances digitales des entreprises.

Le tracking Server-side, ou suivi côté serveur, fonctionne dans un environnement First Party, où le site web et les cookies partagent le même nom de domaine. Cette méthode de suivi apporte des avantages significatifs. Elle se révèle être une solution efficace afin d’empêcher les fournisseurs marketing d’accéder aux cookies tiers par le biais du tracking Server-side. En conséquence, les cookies restent sous le même nom de domaine. De plus, le tracking Server-side permet au navigateur de limiter ses interactions avec des domaines tiers, ce qui s’avère être un atout majeur.

Une caractéristique fondamentale du suivi côté serveur réside dans sa capacité à obscurcir certaines données, telles que l’adresse IP. Grâce à cette approche, le fournisseur marketing ne reçoit qu’une requête émanant du serveur, dissimulant ainsi l’origine de l’utilisateur depuis son navigateur ou son appareil.

Le serveur joue un rôle essentiel en se positionnant comme un maillon clé entre l’utilisateur et les plateformes où les données sont accessibles. Les données de l’utilisateur transitent par ce serveur, permettant un contrôle précis des requêtes HTTP avant de les acheminer vers les partenaires marketing. Diverses options d’action sont possibles sur ces requêtes, notamment la validation, la personnalisation, l’anonymisation et le blocage, le tout dans le but de se conformer aux exigences du RGPD.

Les avantages du server-side : 

Dans l’ensemble, le tracking Server-side vise à offrir un niveau supérieur de contrôle sur les données collectées acquises auprès des utilisateurs. Toutes les plateformes proposant cette solution, en particulier les gestionnaires de tags (TMS), s’accordent à dire qu’il existe trois principaux avantages à adopter cette approche de tracking :

  • Amélioration des performances du sites web

Un premier avantage réside dans l’optimisation du temps de chargement des pages. Cela est possible grâce au déclenchement des tags côté serveur. Sachant qu’il ne faut que 8 secondes pour susciter l’intérêt d’un utilisateur et le convaincre de rester sur un site, cet indicateur ne peut être sous-estimé. Pour illustrer ce point, Pigdom, un outil d’évaluation de performance des sites web, a mené une étude comparative sur les temps de chargement des pages avec et sans tags de suivi. Les résultats de l’étude démontrent une nette amélioration des performances pour les pages sans tags de suivi, avec une vitesse moyenne de chargement de 9,46 secondes contre 2,69 secondes pour celles sans ces tags. De plus, l’analyse révèle que 82% des tags utilisés sont des tags publicitaires. En déplaçant ces tags tiers vers un serveur dédié au lieu de les charger directement dans le navigateur, la vitesse de chargement ne peut qu’en être améliorée.

Sur le plan technique, cette approche simplifie considérablement la tâche du web analyste. Au lieu d’envoyer de multiples requêtes presque identiques sous formes d’événements tels que des conversions à différents fournisseurs, il ne transmet qu’un seul flux de données au serveur (cf. schéma : server-side tagging). Ensuite, la distribution des informations requises par les fournisseurs se fait par le biais d’un mapping au sein du serveur. Cette approche permet également de réduire le nombre de bibliothèques JavaScript, ce qui allège la charge.
Il faut savoir que l’utilisation d’une bibliothèque JavaScript simplifie grandement la gestion des cookies sur les sites web. En d’autres termes, cette bibliothèque facilite la création, la lecture et la suppression des cookies sur le site, améliorant ainsi la clarté, la lisibilité et la maintenance du code. 

De plus, les bibliothèques et les ressources essentielles au marketing peuvent être chargées depuis le serveur, servant ainsi de Content Delivery Network (CDN). 

Un Content Delivery Network (CDN) c’est quoi ? nommé également Réseau de Diffusion de Contenu en français, est un réseau de plusieurs serveurs répartis géographiquement à travers le monde. Ce dispositif vise à accélérer et à optimiser la livraison de contenus (comme des images, des vidéos, des scripts etc.) aux utilisateurs finaux.

  • Accès à plus de paramètre de confidentialités / Sécuriser la donnée

Le tracking Server-side présente des avantages significatifs en matière de contrôle des paramètres liés à la confidentialité et à la sécurité des données. Grâce à ce système, où les données passent par un serveur détenu ou géré par l’éditeur du site, la gestion des données des utilisateurs s’avère plus efficace. Cela permet de prévenir les risques de fuite de données et de bloquer le chargement de scripts tiers potentiellement corrompus ou malveillants.

De plus, le gestionnaire des données a le pouvoir de décider du volume et de la nature des informations transmises aux serveurs de destination, qu’il s’agisse d’outils d’analyse, de plateformes publicitaires, ou autres.

  • Améliorer la qualité de la donnée

Le tracking Server-side offre la possibilité de bénéficier de données de qualité. Cela résulte du fait que le traitement des données s’effectue en dehors du navigateur de l’utilisateur, permettant ainsi l’enrichissement des données avec des informations supplémentaires qui ne devraient pas être exposées au navigateur. Ces informations peuvent inclure des données sensibles de l’entreprise, des API secrètes, voire même des données personnelles de l’utilisateur tout en respectant les règles imposées par le RGPD

De plus, le traitement en dehors du navigateur permet de contourner les systèmes de blocage de cookies de plus en plus utilisés par les internautes, tels que les bloqueurs de publicités, la prévention du tracking intelligent de Safari, et la protection renforcée contre le suivi de Firefox.

Exemple sur les Ad Blockers

Adguard

  • Maintien des données first-party

Il offre la possibilité, sous des conditions spécifiques, de prolonger la durée de vie des cookies first-party, contournant ainsi les mesures de sécurité des navigateurs.  En effet, c’est un vrai atout lorsque l’on sait que 37% des internautes dans le monde avaient un Adblockers en 2022 selon Hootsuite. Le tracking Server-side permet alors aux plateformes tierces de maintenir la reconnaissance d’un même utilisateur sur une période prolongée. Bien que l’ensemble du processus se déroule côté serveur, il est essentiel de souligner que les principes du RGPD demeurent inchangés. Ainsi, la durée de conservation des données collectées auprès des utilisateurs reste fixée à 13 mois maximum.

Une interrogation se pose naturellement : quelle part des données peut bénéficier du tracking server-side et contourner la fin des cookies tiers présents dans les navigateurs ?

En examinant les données clients de divers secteurs d’activités de notre cabinet AVISIA, nous observons sur ces deux exemples ci-dessus. À ce jour, il est évident que moins de la moitié des données sont touchées par ce type de suivi. En fonction de l’activité, il sera donc judicieux de considérer ou non la nécessité d’entreprendre une mise en place du tracking server-side, compte tenu des limites que nous examinerons plus loin dans cet article. Cette réflexion prendra une importance particulière en 2024 avec la dépréciation des cookies Third Party sur Chrome, le navigateur le plus largement utilisé par les internautes.

Répartition des données qui seraient impactées ou non par le tracking Server-side sur septembre 2023

Les limites du tracking Server-side

Bien que le tracking Server-side présente des avantages et soit une alternative sur plusieurs aspects, il comporte néanmoins certains inconvénients, notamment :

  • Le coût d’utilisation élevé : Le fait d’être propriétaire d’un ou plusieurs serveurs, leur utilisation, ainsi que le recours au Cloud, entraînent des coûts significatifs. Prenons l’exemple de GTM Server-side qui nécessite le déploiement de machines sur Google Cloud Platform (GCP). Pour donner un aperçu, cela peut se chiffrer entre 70€ et 150€ par mois sur GCP avec 3 instances App Engine (recommandation de Google).
  • L’installation technique : Cette mise en place nécessite l’intervention de personnes ayant des connaissances avancées. Cela même si certains TMS proposent des templates comme GTM.
  • Certaines incompatibilités avec des tags et technologies : L’architecture Server-side n’est pas compatible avec certains tags, en particulier ceux en Third Party. Cependant, de plus en plus de plateformes intègrent cette problématique dans leur roadmap.
  • AB Testing : En mode Server-Side, le déploiement du tag de suivi n’est pas suffisant. Il nécessite également la mobilisation des développeurs back-end pour garantir que les versions des tests soient correctement distribuées aux groupes de visiteurs concernés et publiées sur leurs navigateurs.

L’utilisation d’un outil de Tag Management System (TMS)

Les principaux TMS sur le marché ont évolué pour s’adapter à cette nouvelle méthode de tracking. Des acteurs tels que Google Tag Manager, Tealium, ou Commanders Act ont intégré des fonctionnalités permettant de configurer le tracking Server-side.

Pour une configuration basique (en Client-side) le processus reste identique sur tous les TMS. Un tag est implémenté sur le site internet, puis les données sont transmises aux outils d’analyse et de marketing.

En ce qui concerne la configuration Server-side, prenons tout d’abord l’exemple de Google Tag Manager (GTM). Il est possible d’implémenter un conteneur côté serveur dans un environnement Google Cloud Platform. Des templates de tags existent sur GTM, et la possibilité d’adopter un mode hybride (alliant à la fois le tracking Client-side et le tracking Server-side) est disponible et même recommandé par GTM.

Tealium, tout comme GTM, facilite la gestion, l’enrichissement et le stockage des données avec ses produits tels que le Customer Data Hub et DataAccess. L’outil permet également une implémentation hybride.

En ce qui concerne Tag Commander, sa force réside dans sa capacité à utiliser n’importe quel cloud. Les connecteurs disponibles et le support dédié à l’intégration du tracking Server-Side font de Tag Commander un bon choix. De plus, des documentations spéciales pour le server-side et sur l’implémentation hybride du server-side sont mises à disposition par l’éditeur. 

En conclusion

Le tracking Server-side se présente comme une solution solide face à une limitation plus endurcie de la collecte de données. Cette méthode présentant de nombreux avantages pour les entreprises, les TMS ont saisi cette opportunité en développant leurs propres produits/outils permettant de répondre à cette demande. Néanmoins, il faut rester prudent car les inconvénients relevés peuvent jouer un rôle crucial pour les entreprises. À ce jour, le tracking server-side semble n’avoir qu’un impact limité sur l’ensemble des données exploitées par les entreprises. Cependant, avec les prévisions de Chrome pour 2024, cette proportion devrait considérablement augmenter.

Si vous envisagez d’adopter le tracking server-side pour votre site web et souhaitez bénéficier d’un accompagnement dans sa mise en œuvre, nos experts AVISIA se feront un plaisir de vous aider dans cette démarche. Contactez-nous dès aujourd’hui pour découvrir comment nous pouvons optimiser votre tracking et améliorer les performances de vos plateformes Digitales !

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